Les Villas du Saint-Christophe © les Collectionneurs
Trois maisons, plusieurs vies…
Par Laurence Gounel
Avant de recevoir les voyageurs, certaines adresses ont connu un parcours inattendu. Trois maisons, que rien ne prédestinait à devenir des hôtels, racontent leur(s) histoire(s).
Hôtel Joyet de Maubec, du pensionnat à l’hôtel des impôts
Du nom éponyme de la famille à laquelle elle appartenait dès le XVIe siècle, cette adresse fut en tout premier lieu un hôtel particulier. D’abord rachetée par différentes familles, l’Église l’acquiert au XVIIIe siècle avant de la revendre à la ville en 1977. Un laps de temps durant lequel cette imposante bâtisse abrite un pensionnat de jeunes filles, puis devient l’annexe de l’école des filles à la fin des années 1950. Sous la houlette municipale, la maison devient un hôtel des impôts, héberge la DDE avant que Thierry Boisaubert et Daniel Ramos ne la rachètent en 2013 pour en faire un hôtel élégant.
Onze chambres plus tard, l’adresse est un fleuron de la gastronomie de la Haute-Corrèze et les espaces sur trois étages ont gagné les galons d’un hôtel à la fois intimiste, responsable, sans renier ses origines comme en témoignent toujours son nom, son cachet architectural et même quelques bouteilles de la fin du XVIIIe siècle, retrouvées pendant les travaux.

Portrait de Thierry Boisaubert et Daniel Ramos, propriétaires de Hôtel Joyet de Maubec en Aquitaine
Le Saint-Christophe, à la place de maisons particulières, tennis et gymnase
Ce hameau en pleine ville réunit quatre villas, chacune abritant plusieurs chambres et un salon commun à la manière d’une maison de famille. Si la première maison, datant de 1913, a eu la vocation immédiate d’être une pension de famille, la seconde, achetée en 1920 pour agrandir le domaine, était un gymnase. Un étage supplémentaire et dix chambres plus tard, il est devenu lui aussi une partie de l’hôtel et la première à être rénovée en 2016 par la propriétaire actuelle, Nadine Flammarion. Profitant des volumes — quatre mètres sous plafond au rez-de-chaussée — elle a pris soin de créer avec l’architecte Camille Flammarion, une harmonie entre le mobilier d’époque et des pièces plus contemporaines, d’inspiration nordique. Même changement de « destination » pour la troisième villa venue élargir le domaine en 1927 et construite de toutes pièces en lieu et place du terrain de tennis voisin. Avec la dernière villa, une ancienne maison particulière acquise en 2004, c’est aujourd’hui 44 chambres qui sont idéalement placées en plein centre de La Baule-Escoublac, entre le marché et le front de mer.

Saint-Christophe © Patrick Gérard

Jardin du Saint-Christophe © Patrick Gérard
Corte San Pietro, un hôtel constitué à partir de Sassi du XVIIè siècle
C’est dans la cité troglodyte de Matera, en pleine Basilicate, que Fernando Ponte a eu le coup de foudre dans les années 1980 pour une maison particulière, à moitié enterrée, dans le quartier abandonné des sassi. Ces petites maisons modestes, creusées dans la pierre, font aujourd’hui la richesse du patrimoine de cette destination, élue capitale européenne de la culture 2019. Vingt ans plus tard, c’est tout un ensemble de sassi datant de 1600 où vivaient historiquement les familles les plus pauvres — qui est devenu l’un des plus beaux hôtels de ce site protégé par l’UNESCO.
Une transformation qui a pris dix ans — avec la création d’un spa troglodyte — et qui n’empêche en rien de faire écho à l’histoire du lieu : Fernando Ponte a inscrit sur chaque plaque de chambre le nom de la famille qui habitait la maison. « Elles sont les bienvenues quand elles nous rendent visite… et ce que j’aime avec cet hôtel qui s’inscrit dans un certain mode de vie, c’est la proximité avec le voisinage. Rien n’est simple, on a tous besoin les uns des autres. »

Corte San Pietro © les Collectionneurs

Chambre Superior au Corte San Pietro © les Collectionneurs

Marisa Amoroso et Fernando Ponte, propriétaires du Corte San Pietro © GiEffe Picture